- carrousse
-
⇒CAR(R)OUSSE, (CAROUSSE, CARROUSSE)subst. fém.Vx et/ou fam. Réunion, partie de plaisir où l'on boit copieusement. Ça allait êt' carrousse pour un bout de temps (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p. 100).— Expr. vieillie et littér. Faire car(r)ousse. Boire sec :• Tandis qu'Isabelle tremblait de frayeur dans son appartement solitaire, ses ravisseurs, en une salle basse, faisaient carousse et chère lie, (...). Ils buvaient tous comme des éponges, ...T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 375.Prononc. et Orth. :[
]. Ac. 1694-1835 écrivent uniquement carrousse; cf. aussi LITTRÉ et DG. Ds BESCH. 1845, Lar. 19e-20e, GUÉRIN 1892 et QUILLET 1965 on relève carrousse ou carousse. Ac. Compl. 1842 introd. la forme carous (subst. masc.); pour cette forme cf. également Lar. 19e (carous, corruption de carrousse) et GUÉRIN 1892 qui écrit caroux. Étymol. et Hist. 1546 caros et alluz « action de boire cul sec, puis de boire sec, à l'excès » (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M.-A. Screech, Prologue, 268 : ... ces importuns Lifrelofres [sobriquet appliqué aux Allemands et Suisses allemands, Huguet] qui [...] contraignent les Lans [all. Landesmann « compatriote » d'où « compagnon de beuverie »] et compaignons trinquer, voire caros et alluz [assimilé par DIEZ5, p. 328 à all. aus], qui pis est); 1566 faire carous (H. ESTIENNE, Apol. pour Her., ch. 14 ds HUGUET); carrous noté comme forme n'étant plus en usage ds Trév. 1704; 1573 faire carousse (LARIVEY, trad. des ,,Facetieuses Nuits`` de Straparole, XIII, 2 ds HUG.) syntagme noté ,,peu usité`` ds Ac. 1835; carousse noté ,,bas`` par Ac. 1694 et ,,familier`` par Ac. 1740. Adaptation du m. h. all. garaus « entièrement, jusqu'au bout » (Paul-Betz s.v. gar) exprimant l'invitation à vider son verre d'un seul coup, formulée au cours d'une réunion; cf. le verbe garaussaufen « exsiccare pocula », anno 1691 ds Trübner, et le vers final d'une chanson à boire « Drincks gar aus, drincks gar aus », ibid. Le fr. carrousse est dû à la forme suisse-alémanique
, véhiculée par les soldats suisses (FEW, t. 16, p. 13 a). Fréq. abs. littér. Carousse : 4. Carrousse : 1. Bbg. BEHRENS D. 1923, p. 95. — COLOMB. 1952/53, p. 90, 118; pp. 243-244. — RIGAUD (A.). Brindes et bringues. Déf. Lang. fr. 1970, n° 52, p. 21. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 295; t. 3 1972 [1930], p. 287, 317.
ÉTYM. 1546, caros, Rabelais, « action de boire en vidant son verre d'un trait »; faire carousse, 1573; l'étymologie traditionnelle fait état d'un moyen haut allemand garans « entièrement, jusqu'au bout », constituant une invitation à boire son verre en une seule fois (cf. notre moderne cul sec !). P. Guiraud invoque un roman carosus, du lat. cara « tête ». → Carrousel.❖♦ Vx ou archaïsme stylistique. || Faire carousse : boire d'abondance, boire sec. — Par ext. Festoyer en buvant, en faisant bonne chère.0 Ce que c'est que la vie ! Un soir, vous faites tranquillement carousse avec un ami dans un cabaret d'honneur; puis vous allez chacun de votre côté à vos petites affaires. Huit jours après quand vous demandez « que devient un tel », on vous répond : « Il est pendu ».Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XII.
Encyclopédie Universelle. 2012.